Béna, J., Rihet, M., Carreras, O., & Terrier, P. (2023). Repetition could increase the perceived truth of conspiracy theories. Psychonomic bulletin & review, 30(6), 2397-2406. https://doi.org/10.3758/s13423-023-02276-4

Introduction

Il y a plusieurs études qui ont montré que l'exposition aux théories du complot pourrait augmenter la croyance dans ces dernières (voir éventuellement (Jolley, Mari, & Douglas, 2020b).

Muirhead et Rosenblum ont proposé le concept de "new conspiracism" qui fait référence au fait que la répétition (et non les preuves) est fréquemment utilisée pour valider les théories du complot.

Questions de recherche:

  • QDR1: Est-ce qu'il peut y avoir un truth effect avec des affirmations complotistes?
  • QDR2: Si c'est le cas, est-ce qu'il est associé:
    • Au style cognitif ?
    • A la mentalité conspirationniste ?

Méthode

Variables

  • VI1: Répétition (répété vs non-répété)
  • VI2: Texte (conspirationniste vs triviaux (qui pouvaient être vrais ou faux))
  • VD1: Réponse (vrai vs faux)
  • VD2: Score à au cognitive reflexion test (test de 3 items de type "la surface de nénuphars double tous les jours sur un lac. Les nénuphars couvrent toute la surface en 48 jours. Quelle est la surface au jour 47?)
  • VD3: Score au Conspiracy mentality Questionnaire (CMQ, Bruder et al., 2013)

Ce qui en fait un design 2x2 dont les deux facteurs suivent une manipulation intrasujet

Dans un premier temps, on montre 20 statements (trivia et conspi) aux participant·e·s et on leur demande d'évaluer l'intérêt de chaque proposition. Ensuite on leur montre les 20 statements de la partie et ainsi que 20 nouveaux.

Résultats

ANOVA

L'anova 2x2 a montré que :

  • il y a un effet de la répétition (répété > pas répété)
  • il y a un effet du type de texte (triviaux > conspirationnistes)
  • il y a une "two-way interaction":
    • pour les textes triviaux: répété > pas répété (c'est le fameux truth effect)
    • idem pour les textes complotistes: répété > pas répété
Proportions de réponses « vrai » en fonction du matériel et de la répétition. Les points représentent les scores des participants (horizontalement). Les barres d'erreur représentent les intervalles de confiance à 95 %. Les distributions sont la densité de probabilité du noyau des données dans chaque condition Matériel × Répétition (réduite pour rester dans la plage des valeurs possibles, entre 0 et 1). Ligne horizontale en pointillé : pas de biais en faveur d'une réponse « vraie » ou « fausse ».

Modèle linéaire

Les résultats montrent que le truth effect n'est pas modéré par les score de CMQ et de CRT

De manière exploratoire, iels ont mené une régression multiple du type:

  • Taux de "vrai" ~ Répétition + Type de proposition + score CMQ + score CRT

Iels ont trouvé un effet de:

  • La répétition
  • Le type de proposition
  • L'interaction entre les deux
  • Le score CMQ (plus c'est haut, plus le taux de vrai est haut)
  • L'interaction CMQ x proposition (le taux de vrai ne varie pas dans les proposition triviales)
  • L'interaction CRT x proposition
    • Dans les propositions triviales: plus CRT est haut, plus il y a de "vrai")
    • Dans les proposition complotistes: plus CRT est haut, moins il y a de "vrai"
Proportions de réponses « vrai » en fonction des propositions (materials) et des scores moyens au CMQ (a) et du nombre de problèmes correctement résolus au test de réflexion cognitive (CRT) (b). Les zones ombrées autour des lignes de régression sont les intervalles de confiance à 95 %. Les scores moyens au Conspiracy Mentality Questionnaire (CMQ) et le nombre de problèmes du CRT correctement résolus ont été normalisés dans les analyses de régression.

Discussion

Iels posent deux explications au fait que la taille d'effet est moins grande pour les théories du complot (d = 0.169) que les propositions triviales (d = 0.649):

  • les propositions complotistes sont plus "risquées épistémologiquement"
  • les propositions complotistes étaient déjà connues (les gens ne découvraient pas la théorie du complot d'Apollo 11 par exemple), et donc, comme le truth effect suit une courbe logarithmique, cette exposition aurait bien moins d'impact